Compte tenu de la présence d’un ensemble bâti remarquable et vierge de toute étude, unique témoignage d’un établissement médiéval de chartreux au sein du diocèse d’Auxerre, une étude archéologique préventive a été demandée par le SRA de Bourgogne (service régional de l’archéologie au sein de la DRAC) sur l’ensemble des bâtiments.
Cette étude a été réalisée par l’INRAP au cours de l’année 2010.
Cette opération vise à la documentation, la description, l’analyse, la datation et l’interprétation des vestiges archéologiques. Le compte de cette étude s’est révélé très intéressant.
Pour un aperçu plus général de l’histoire de la chartreuse voir cette page.
Quelle organisation spatiale pour la chartreuse ?
Le rapport d’opération d’archéologie préventive de l’Inrap permit de retrouver, sur les secteurs de la cour des obédiences et du petit cloître, les vestiges du monastère médiéval. La confrontation avec les sources iconographiques et plans des chartreuses existantes devait, au préalable de l’étude du bâti de la Chartreuse, éclairer l’organisation spaciale d’une chartreuse méconnue parmi les maisons repertoriées.
Le travail comparatif a essentiellement été mené par l’étude des plans, mis en confrontation à des sources iconographiques dont un plan de la fin du XVIIe siècle du Monasticon et d’autres, parmi les deux cents chartreuses existantes de l’ordre cartusien.
Il en résultat une interprétation sous forme de plan que voici plus bas.
Lire les espaces pour imaginer la vie quotidienne
La cour dite des Obédiences est également appelée cour des étrangers. Cette cour est le point de rencontre entre les religieux et les civils. Au delà de cette limite, l’espace est exclusivement réservé aux chartreux. Une obédience est une tâche particulière nécessaire à la vie matérielle de la communauté : menuiserie, buanderie, boulangerie, taille de pierre, forge, etc.
Les dimensions de la chartreuse de Basseville sont considérées comme modeste : elle était en effet dotée de sept puis neuf cellules ce qui est peu comparé au douze, 24 ou 32 cellules répertoriées habituellement dans d’autres chartreuses.
Si on ne sait pour l’instant rien des périodes antérieures à la réquisition du XVIIIe siècle, on perçoit dans la cour des Obédiences que le nombre des domestiques a pu être important, tout au moins vers 1790. La lecture de l’inventaire préalable à la confiscation des biens du clergé de 1789 puis de l’inventaire de 1794 fait apparaitre la présence de chambres dévolues aux hommes en fonctions de leur métiers ou des travaux auquels ils sont affectés autour de la cour : le portier, le boulanger, le tailleur, le vacher, le jardinier, les vignerons (3 couchettes)… Peut-être une vingtaine de personnes qui seraient «employés» à la Chartreuse en cette fin de XVIIIe siècle.

mars 2010, Stéphane Guyot
A Porte d’entrée
C Église
D D’ Cour
F Refectoire
H Parloir
J Cellule du prieur
L Terrasse
N Grange
B Chapitre
D Cour dite des Obédiences
E Cuisine
G Salle à manger
I Cimetière
K Cellule
M Verger
O Jardin
Le « Monasticon Gallicanum »
Il s’agit d’un recueil de la fin du XVIIe siècle composé de 168 planches gravées représentant en élévation-perspective dans leur état du moment, 147 des principaux prieurés et abbayes bénédictines français affiliés à la Congrégation de Saint Maur. Congrégation parisienne formée au début du XVIIe siècle, la Congrégation de Saint Maur fut créée pour restaurer la vocation monastique et bénéficia alors du soutien de Louis XIII et d’Anne d’Autriche.
Indépendamment de l’œuvre religieuse, cette congrégation entreprit de grandes campagnes de remise en état ou de reconstruction des bâtiments qui avaient considérablement souffert des guerres de Religion puis des désordres de la Fronde. La congrégation menait ces restaurations en les adaptant à une nouvelle organisation régulière.
C’est grace à ce type de documents qu’il est possible aujourd’hui de retracer l’histoire de ces bâtiments dont beaucoup ont aujourd’hui disparus.
Ne figurent pas dans ce « Monasticon » les abbayes des autres grands ordres constructeurs – Cisterciens (une autre branche bénédictine), Chartreux (ordre cartusien), Prémontrés etc.- ni les abbayes bénédictines affiliées à la Congrégation de Saint Vanne, essentiellement situées en Alsace Lorraine, et de Cluny, plus disséminées.
Sur Gallica, consulter le Monasticon gallicanum de Dom Germain.
Sur Wikipedia, consulter les gravures des monastères.