Saint Jean-Baptiste, martyr chrétien serait né le 24 juin, le jour du solstice d’été. Longtemps, on a cru que les bienfaits de certaines plantes agissaient ce jour-là d’une manière extraordinaire.
Il était d’usage de cueillir les plantes au lever du jour, encore couvertes de la rosée nocturne, juste avant que le soleil ne fasse son apparition. On cueillait les plantes de la main gauche, pieds nus à reculons avec un couteau d’or si possible, en ayant le cœur aussi léger que ses mains… Le pouvoir bénéfique de ces plantes se développait en réalisant des potions, des philtres et des charmes et en confectionnant des bouquets que l’on pendait dans la maison pour se protéger des maladies.
Ces plantes magiques sont au nombre de sept : l’armoise, la joubarbe, le lierre terrestre, la marguerite, l’achillée millefeuille, le millepertuis et la sauge. Et selon les régions, elles ont des cousines : angéliques, aubépines, bourraches, chélidoines, reine des prés, myrtes, mélisses, rue, pimprenelles. Le thym, la marjolaine et la verveine entraient eux dans la composition des philtres d’amour.
Dans le jardin de la Chartreuse de Basseville elles sont toutes présentes, à l’exception de la joubarbe et du millepertuis. Nous en avons sélectionné ici trois pour leurs caractéristiques, leur légende et les usages que l’on peut en faire.
– l’armoise, Artemisia vulgaris
– la grande marguerite des champs, Leucanthemum vulgare
– la sauge, Salvia officinalis
L’armoise
dite aussi artémise ou couronne de la St Jean
À la Chartreuse nous avons choisi l’Artemisia lactifolia «Guizhou» pour son splendide feuillage fin et bien découpé et ses fleurs formées de long épis pistaches puis blancs dont la floraison se poursuit de juin à septembre. Sa silhouette vive et nette «japonise» l’espace comme un coup de pinceau de Tensho Shûbun… (moine bouddhiste, importante figure de l’art japonais du XVe siècle). L’armoise attire les papillons et les abeilles.
L’armoise possède des vertus antispasmodiques, toniques, astringentes, parasiticides, fébrifuge, emménagogues (stimulant le flux sanguin). Elle contient de l’artemisine, de la thuyone, de l’inuline, des tanins. Elle est riche en vitamine A,B et C.
Jadis l’artemisa était associée à la magie blanche : une recette, infaillible, pour se protéger du mauvais œil conseillait ainsi de se bander les jambes de lanières découpées dans la peau d’un jeune lièvre et dans lesquelles on aura cousu de l’armoise séchée cueillie avant le lever du soleil.
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Les Aztèques eux, utilisaient l’armoise comme la sauge, pour la purification spirituelle et pour chasser les mauvais esprits et les énergies négatives. Fumer un rouleau de feuilles avant de dormir avait le pouvoir d’intensifier les rêves et d’aider à s’en souvenir.
L’amertume des feuilles de l’armoise aromatisait la bière, avant qu’elle ne soit remplacée par le houblon.
Aujourd’hui, en médecine chinoise, on utilise des rouleaux d’armoise « les moxas », pour chauffer les points d’acupuncture (moxibustion).
À essayer, sans garantie de succès 🙂
– un bain contre les rhumatismes : faire infuser, 2 poignées de feuilles fraîches dans 2 litres d’eau puis verser dans le bain.
– un bouquet contre les mites : faire un bouquet que vous placerez dans vos placards
– des feuilles crues pour le bien-être de vos poules, si vous en avez : manger des feuilles d’armoise les débarrasseraient des poux et vers.
La sauge
la toute-bonne ou encore l’herbe qui sauve (du latin « salvere »), l’herbe sacrée.
Les médecins grecs et romains connaissaient les effets hémostatique, diurétique et carminatif (dispersant les gaz et prévenant leur formation, intéressant n’est-ce pas ?) des feuilles de sauge. Les Egyptiens la conseillaient déjà pour soigner les « maux féminins », faciliter la digestion, soulager le foie et les estomacs fatigués.
Au XVIIe siècle, les Chinois l’appréciaient tellement qu’ils allaient jusqu’à échanger avec les Hollandais, une caisse entière de feuilles de thé contre trois feuilles de sauge. De nombreuses solutions sont alors inventées à base de sauge : l’eau d’arquebuse, l’eau céleste, l’eau impériale, le « vinaigre des quatre voleurs » qui protégeait, croyait-on, de la peste.
Tous les matins Louis XIV, qui vécut très longtemps, buvait une décoction de sauge.
Les asthmatiques pour soulager leurs crises fumaient des cigarettes de feuilles de sauge comme du tabac.
À la Chartreuse, nous avons choisi la Salvia lavandulifolia, ou sauge à feuilles de lavande, avec de nombreaux épis d’un bleu vif de fin mai à août. Elle a les même vertus que la sauge officinale.
À essayer :
– pour soigner un rhume : trois feuilles de sauge dans du lait chaud et du miel.
– contre les ballonnements : préparer une tisane en versant de l’eau bouillante sur une cuillère à café de feuilles broyées par tasse. Couvrir et laisser reposer 10 à 15 minutes puis filtrer. Boire 3 à 4 tasse par jour.
– pour assainir une pièce : y faire brûler quelques feuilles de sauge séchées. L’arôme des feuilles séchées est plus puissant que celle des feuilles fraiches.
La grande marguerite des champs
La simplicité, la pureté et l’innocence de la grande marguerite des champs symbolisait au Moyen Âge la Vierge Marie. Avant de partir en croisade, les chevaliers offraient à leurs mies une couronne de marguerites.
En Suède, l’équivalent de la fête de la Saint Jean est Midsommar, la fête la plus importante de l’année après Noël. C’est pendant la fin de semaine la plus proche du 24 juin qu’on célèbre Midsommar. La plupart des Suédois s’arrêtent de travailler le jeudi à 13 heures pour pouvoir se consacrer aux préparatifs. En effet les festivités ont lieu la veille de Midsommar, c’est-à-dire le vendredi soir (Midsommarafton). On élève un grand mât recouvert de fleurs et de verdure, parmi lesquelles les marguerites, et on danse, chante et joue autour jusqu’à l’aube. Les jeunes filles portent des couronnes de fleurs sauvages, certaines vont cueillir avant l’aube sept fleurs différentes, provenant de sept champs différents qu’elles poseront selon la coutume, sous leur oreiller avant de s’endormir, et rêveront à leur futur fiancé.
La grande marguerite, gloire des champs de l’été, s’applique (fleurs et feuilles fraiches broyées) sur les contusions et aide à cicatriser les plaies. Le distillat de la plante entière soulage la conjonctivite.
Et pour bien commencer l’été
Midsommar blues, cocktail suédois françisé
Mélangez dans un verre 3 cuillerées à soupe de sirop de sureau et 2 cuillerées à soupe de jus de citron. Ajoutez le Gin à votre convenance et quelques glaçons, complétez avec de la limonade bien fraîche. Pour finir, ajoutez une rondelle de citron et saupoudrez de quelques fleurs comestibles.
Pour un kir à la suédoise : remplacez simplement le sirop de cassis par du sirop de sureau dans le vin blanc.
Skål!
Crédits: Clive Tompsett/imagebank.sweden.se
Et ailleurs…
Une émission d’Emmanuel Laurentin sur France culture et consacrée à la médecine populaire.