Il y a 230 ans cette année, la Chartreuse de Basseville accueillait les reliques de Saint Edme, archevêque de Canterbury, saint catholique très populaire au XIIIe siècle en particulier dans les pays d’Yonne. Dimanche 18 septembre à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2016, la châsse en bois doré abritant les reliques sera exposée à la Chartreuse ainsi que la statue¹ de Saint Edme, et une statue de «la Vierge Mère», conservées par l’église de Pousseaux. Les deux statues ont été récemment restaurées.
L’histoire de ces reliques par Monique Guenette.
C’est en 1785 que l’Evêque d’Auxerre, Jean-Baptiste Champion de Cicé obtint trois parcelles de peau provenant du bras du saint, qui seront insérées dans un petit cadre, lui-même déposé sur un coussin, dans une châsse de bois doré. Olivier Gascogne des Roches, prêtre chanoine d’Auxerre, avait été commis pour le transport des reliques d’Auxerre. Il les avait remises à la Chartreuse de Basseville, où elles avaient été déposées dans l’église.
Le 11 juillet 1786, le curé de Pousseaux, accompagné des desservants des paroisses voisines, des religieux de Basseville et des habitants de la paroisse, vont en procession jusqu’à Basseville. La châsse est alors fermée à clef et Joseph Boyer, curé de Druyes, prononce un discours en l’honneur de Saint Edme, lequel fini, l’assistance, au chant du cantique d’actions de grâces, respectueusement vénère les reliques. Ceci accompli, tout le clergé, revêtu de chapes, procéde à la translation solennelle avec toute la pompe et la décence possibles, sous la direction de Dom Augustin Goguoys, Prieur de Basseville. Dom Maurice de Genouillac, procureur, Dom Antoine Chapuy, coadjuteur de Basseville, accompagne alors le dais en portant des flambeaux ardents.
À l’église de Pousseaux le prieur de Basseville célèbre la « Sainte Messe » et chacun des assistants signe l’acte porté au registre paroissial.
Qui est donc Edmond d’Abingdon ?
Saint Edmond de Cantorbéry, dit saint Edme, est né en Angleterre en 1170 dans la ville d’Abingdon sous le nom d’Edmund Rich. Il est vénéré comme protecteur des enfants morts sans baptême. Edme est la forme régionale du prénom anglais Edmond, forme particulièrement abondante dans l’onomastique bourguignonne des siècles derniers.
Les qualités reconnues de prêcheur et d’intellectuel d’Edmond d’Abingdon en font le successeur idéal de Richard le Grand, archevêque de Cantorbéry, mort le 3 août 1231. Le prestige de la fonction (l’archevêque est primat et chef de l’église d’Angleterre) requiert pour le remplacer un titulaire qui satisfasse le roi et le pape. Sur recommandation du pape, Edmond est élu archevêque le 20 septembre 1233; confirmé par le roi le 10 octobre, il est consacré par le souverain pontife le 2 avril 1234.
À l’automne 1240, Edmond alors en route pour rencontrer le pape à Rome, fait une halte d’environ un mois à l’abbaye cistercienne de Pontigny, dans le diocèse d’Auxerre, en attendant la réouverture de la route des Alpes.
Il tombe alors subitement malade et avant de pousser son dernier soupir, il informe ses proches de ses dernières volontés : être inhumé dans l’abbaye de Pontigny, où il vient de passer un mois. Décision surprenante, la tradition voulant qu’un archevêque soit inhumé dans sa cathédrale, attestée par son ancien chancelier, Richard de Wyche, dans un document que conserve les Archives de l’Yonne (cf liens).
Il décède sur le chemin du retour vers l’Angleterre au couvent des chanoine augustins de Soisy-Bouy en 1242, près de Provins.
Son corps est alors embaumé et ramené dans l’abbatiale de Pontigny, où il repose depuis lors. Son cœur et ses entrailles restent à Provins dans l’abbaye Saint-Jacques. Il sera canonisé le 16 décembre 1246 par le pape Innocent IV.
Le culte de saint Edme est alors encouragé par les prélats de l’Europe entière. Le corps du saint, très bien conservé, fait dès lors l’objet d’une vénération qui attire des pèlerins et des donateurs grâce auxquels est fabriquée une précieuse chasse-reliquaire de grandes dimensions.
Détails visite
- Manifestation nationale des Journées européennes du Patrimoine
- Dimanche 18 septembre 2016
- Ouverture de 10h à 12h et de 14h à 18h
- Entrée adultes 5,00€
- Accès

Saint Edmond de Cantorbéry (1170-1242), dit saint Edme, archevêque de Canterbury. Illustration issue des « Chroniques de Nuremberg », par Hartmann Schedel (1440-1514).
Liens
• Des documents très intéressants sur Edmond Rich sur le site des Archives de l’Yonne comme par exemple l’attestation de l’élection de sépulture d’Edmond d’Abingdon, avril 1242 par maître Richard de Wyche au benefice de l’abbaye de Pontigny. [Document des Archives départementales de l’Yonne (100 J 2-10)]
Notes
¹ la statue en bois doré de Saint Edme Cette statue porte l’inscription de Saint Nicolas mais la rose d’Angleterre est très visible au bas du vêtement du saint. Elle est inscrite ISMH et conservée à l’église de Pousseaux tout comme la châsse de bois doré et la statue de la Vierge.
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