Les grues cendrées sont de retour, cette année encore, elles sont passées au dessus de la Chartreuse à la fin du mois d’octobre et en grand nombre !
Grou-grou
Chaque année, vers la fin octobre, les grues s’annoncent par des cris stridents. Bien avant de les distinguer dans le ciel, on entend le grou-grou caractéristique. La tête en l’air, on aperçoit alors de petits points noirs formants un grand V. On finit par distinguer chaque individu de cette énorme compagnie avant qu’elle ne disparaisse au loin. À la Chartreuse, c’est toujours un grand évènement, juste au moment où la nostalgie de l’été se fait sentir, regrettant presque les grosses chaleurs du mois d’août. Habituellement, les noix que donnent le noyer nous réconfortent un peu malgré tout, mais cette année rien du tout, nada.
La migration des grues cendrées
Espèce protégée en France depuis 1967, la Grue cendrée vient du nord de l’Europe où elle niche et se reproduit, essentiellement en Suède, Finlande, Allemagne du Nord et Pologne pour les grues transitant par la France. Elles traversent le pays d’est en ouest sur une diagonale (Lorraine, Champagne-Ardenne, Bourgogne, Centre, Limousin, Auvergne, Aquitaine) qui passe par la Nièvre, et gagnent le sud pour hiverner sous des climats plus doux. Ce sont les vagues de froid les empêchant de s’alimenter correctement qui déclenchent leur départ.
Les haltes en France
La France est un important pays d’accueil, non seulement pour les grues migratrices mais aussi pour les grues hivernantes. Certaines font étape en Champagne, sur le lac du Der-Chantecoq, halte importante de la migration.
Le lac est depuis 1974, année de sa mise en eau, une étape des grues en route vers les zones d’hivernage de France, d’Espagne et d’Afrique, mais aussi de bien d’autres espèces d’oiseaux migrateurs.
Ce grand réservoir créé en 1974 pour réguler les crues d’hiver et de printemps et préserver la région parisienne des inondations accueille les grues y transitant entre les mois d’octobre et de novembre. Site majeur de stationnement en Europe, une fête de la grue et de la migration y est même organisée chaque année vers la fin octobre.

Le 3 novembre dernier plus de 268 100 grues ont été comptabilisées au lac du Der, encore plus qu’en 2014, le dernier record enregistré avec 206 500 grues. Certaines de ces grues passeront l’hiver en Champagne. Elles quitteront les sites progressivement, le plus souvent dès la fin janvier pour la migration de printemps et le retour vers les sites de reproduction du nord. Les grues qui ont choisi l’Aquitaine migreront elles autour du 25 février. Puis ce sera le tour des grues d’Espagne début mars.
Pour tous ces oiseaux, ce sera la fin d’un voyage de 6 mois et le début de la nidification, but ultime de leur long périple.

Quelques ressources en ligne
Le site de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) de Champagne-Ardennes propose un grand nombre d’articles sur les grues ainsi que des cartes d’observation des grues en migration au jour le jour.
Liens vers les articles de la LPO
La grue cendrée
La migration des grues au jour le jour sur le site de la LPO Champagne-Ardennes
Migration et hivernage des grues cendrées (site de la LPO)
Le lac du Der-Chantecoq
Des images du lac du Der et des grues sur Flickr
Le lac du Der est l’un des plus grand lac artificiel d’Europe. Mis en eau en 1974, il est la concrétisation d’une idée née en 1910 : le 21 janvier 1910 à 9h, la SUDAC une des trois usines fournissant l’électricité à Paris, est mise à l’arrêt. La Seine est en crue, Paris est sous l’eau. Le lac du Der sera une des solutions pour la régulation des eaux de la Seine et de ses affluents, la Marne en particulier. Sa réalisation a entraîné la disparition de trois villages : Champaubert-aux-Bois, Chantecoq et Nuisement-aux-Bois. Aujourd’hui classé en Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage et géré par l’ONCFS, le lac du Der accueille une faune riche dont les grues cendrées.
L’album de Jean-Baptiste Rollin consacrée aux grues sur le Der sur Flickr.
Les grues par Jacques Chibret sur Flickr. Les images de grues utilisées pour cet article sont de lui, et nous l’en remercions.
Les grues et la lac du Der par erickfrejean sur Flickr